Jefferson, ce libéral

En juin 1776, un comité de cinq personnes [1], désigné par le Second Congrès Continental, est chargé de rédiger ce qui deviendra la Déclaration d'Indépendance, l'un des textes fondateurs de la nation américaine [2]. Essentiellement rédigé par Thomas Jefferson et inspiré par la philosophie des Lumières, ce document est l'un des premiers exemples de l’exaltation de la Liberté. Il sera suivi en 1789 par la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen [3].

Dans cette déclaration, les colons expliquent que tous les hommes sont égaux en droits et qu'ils ont des droits imprescriptibles [4]. La négation de ces droits par un gouvernement - comme c'était le cas dans les colonies - justifier et légitime la résistance au despotisme [5]. Jefferson va plus loin en disant qu'il est même de leur devoir de combattre ce gouvernement, pour le remplacer par un autre qui fera respecter les droits naturels des individus.

Plus de deux cents ans après cet appel, il serait bon pour nous de rappeler à nos gouvernements ces quelques phrases [6].
"Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur. La prudence enseigne, à la vérité, que les gouvernements établis depuis longtemps ne doivent pas être changés pour des causes légères et passagères, et l'expérience de tous les temps a montré, e n effet, que les hommes sont plus disposés à tolérer des maux supportables qu'à se faire justice à eux-mêmes en abolissant les formes auxquelles ils sont accoutumés.
Mais lorsqu'une longue suite d'abus et d'usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future. Telle a été la patience de ces Colonies, et telle est aujourd'hui la nécessité qui les force à changer leurs anciens systèmes de gouvernement. L'histoire du roi actuel de Grande-Bretagne est l'histoire d'une série d'injustices et d'usurpations répétées, qui toutes avaient pour but direct l'établissement d'une tyrannie absolue sur ces États."
A bon entendeur...

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[1] Baptisé Committee of Five, il est composé de Benjamin Franklin, Thomas Jefferson, John Adams, Roger Sherman et Robert Livingston.
[2] Signé le 4 juillet à l'Independence Hall de Philadelphie, le texte est aujourd'hui exposé aux Archives Nationales à Washington.
[3] Étrangement rangé au rang de vieillerie historique...
[4] On entend ici "droits naturels" par opposition aux "droits positifs".
[5] Une forme de gouvernement au pouvoir et à l'autorité absolus.
[6] A noter que la traduction de la déclaration est l'œuvre de Jefferson lui-même, parfait francophone.

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