Les livres dans l'eau

L'histoire de France a été parsemée de dirigeants avec de grands projets, de grands travaux. A l'époque où il entamait son deuxième mandat, François Mitterrand, conseillé par Jacques Attali, a l'idée d'édifier une nouvelle bibliothèque. Le 14 juillet 1988, il annonçait "la construction et l'aménagement de l'une ou de la plus grande et la plus moderne bibliothèque du monde. [Elle] devra couvrir tous les champs de la connaissance, être à la disposition de tous, utiliser les technologies les plus modernes de transmission de données, pouvoir être consultée à distance et entrer en relation avec d'autres bibliothèques européennes" [1].

Ce nouveau bâtiment devait pouvoir regrouper de nombreux ouvrages et laisser dans le marbre le nom de son instigateur pour les décennies - voire les siècles - à venir. Une manière pour lui de passer à la postérité. Achevée en 1994, la nouvelle bibliothèque est constituée de quatre ailes en formes de livres ouverts [2], tout du moins tel était la vision de son architecte à l'origine. Aujourd'hui, la Bibliothèque nationale de France (ou BnF) conserve 12 millions d'imprimés (livres, cartes,...).

Depuis son ouverture au public, l'édifice a multiplié les problèmes (informatique défectueuse, architecture inadaptée aux besoins). De nombreuses voix se sont d'ailleurs élevées contre le projet tant pendant sa construction qu'après. Le dernier incident en date a consisté en l'inondation d'une partie des réserves de la bibliothèque, endommageant entre 10 et 12 000 livres, reproductions de manuscrits des XIX, XX et XXIème siècles [3]. Une nouvelle fois, l'administration de Bibliothèque et les syndicats se rejettent la faute. Les premiers disent que des défauts de construction sont à l'origine de l'inondation ; les seconds que le manque de moyens n'autorisent pas les travaux de maintenance nécessaires.

Quoi qu'il en soit, le dirigisme affiché par le ministère de la culture et l'Elysée - du moins à l'époque de François Mitterrand - ont abouti à un projet bancal. Encore une exemple s'il en est besoin des défauts de l'étatisation du domaine culturel, soumis à d'obscurs impératifs politiques et budgétaires, qui au final sont payés par le contribuable et l’utilisateur des lieux.

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[1] Citation reprise de Wikipédia. Elle provient de l'ouvrage de Bruno Blasselle et Jacqueline Melet-Sanson, intitulé La Bibliothèque nationale de France : mémoire de l'avenir.
[2] Nommées Tour des Temps, Tour des Lois, Tour des Nombres et Tour des Lettres.
[3] Article du journal Le Figaro à retrouver à ce lien.

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